lundi 29 avril 2013

Ce que je fais dans la vie

Dorénavant, quand quelqu'un me demandera ce que je fais dans la vie, quel est mon métier, je lui dirai, avec toute l'humilité, toute la modestie que pourra contenir ma réponse : « Je suis poète. Tout au moins, j'exerce, de toutes les forces de mon âme, mon subtil et brillant esprit à embrasser l'art si noble de la poésie. Oui, je suis un poète exigeant. » Je préciserai que je ne peux encore me targuer d'être un poète maudit, ayant parfaitement conscience de n'être pas suffisamment connu sur la Toile pour susciter l'envie, la jalousie de la Ligue des Poètes très Exigeants déjà installés. Mais, prêt à subir bientôt les anathèmes de ces derniers, j'insisterai en affirmant fermement que je suis poète, quand même. Pour preuve mon blog Noyau Fondamental qui recueille, à ce jour, quatre joyaux de la poésie post-culturelle, vaste courant littéraire trouvant son origine dans le long processus de démocratisation de l'Internet, et, particulièrement, dans la perte de toute référence à la culture savante patiemment édifiée aux cours des siècles passés. Une culture qui ne sera convoquée que pour y piocher quelques noms d'écrivains, de philosophes, de scientifiques jadis largement reconnus, des noms qui, aujourd'hui, sonnent encore bien aux oreilles. Celui qui les citera bénéficiera, auprès de plus ignorants que lui, d'un argument d'autorité. Alors, qu'au mieux, il se sera contenté de parcourir rapidement la fiche Wikipedia de l'auteur en question pour en extraire une ou deux citations. Car ces penseurs restés célèbres ne sont presque plus lus, sinon à contre-cœur, lors d'un passage obligé par les bancs d'une université quelconque, sorte de parc à thèmes morne et souvent délabré.

Je ferai donc remarquer à mon interlocuteur que quatre textes forment, de nos jours, un nombre convenable pour accéder au titre de poète. Titre tant admiré et convoité par les quasi-illettrés qui sillonnent le Web. Je viens d'ailleurs de publier La Voix, un texte qui m'a conduit, dans la foulée, à cette déclaration, juste après avoir décidé de mon nouveau et charmant métier. Je lui conseillerai même de m'appeler en toute simplicité : "Maître", en lui donnant l'assurance que cette appellation n'aura rien de déplacée et qu'elle ne me fera pas rougir, bien au contraire, car j'ai le sens de mes responsabilités. Enfin, je lui révélerai peut-être d'où vient cette nouvelle vocation. Je ferai connaître à mon interlocuteur, le texte qui, le premier, m'a mis sur la voie de la poésie exigeante. En effet, Poème à la con ouvre, à la fin de l'année dernière, de nouvelles perspectives dans ma déjà longue existence de blogueur free-lance. Que mes futurs biographes en prennent note ! Mais, à la réflexion, c'est peut-être Ouvrir la porte, écrit le 5 avril 2011, qui marque mon inscription dans le genre littéraire que représente la poésie exigeante. Ce qui voudrait alors dire que j'ai longuement mûri ce projet. Je ne sais... Ce point pourra être abordé dans l'un des studios de France Culture, face aux micros tendus par une horde de journalistes avides d'enregistrer mes paroles, lors d'une prochaine conférence de presse, celle que ne tardera pas à organiser mon futur manager, sur les conseils de mon futur et excellent éditeur Epub.net.

Voilà, en homme avisé, prévoyant les bouleversements causés par la publication de mes poèmes au sein de la société des gens de Lettres, je me tiens prêt à toute éventualité, car je sais combien le succès est difficile à affronter lorsqu'on y est mal préparé. Enfin, pour que les choses soient bien claires, dès aujourd'hui, je renonce à faire la vaisselle, ainsi que toute sorte de tâche ménagère, parce qu'un poète ne peut décemment s'occuper de problèmes si bassement matériels. Tout est dit.

jeudi 18 avril 2013

Bonnes résolutions

« Boostez vos lobes frontaux ! », une injonction à laquelle j'ai pensé pour servir de titre à ce blog. Blog qui a déjà connu trois titres en moins d'une semaine : « Dans le silence de l’après-midi d’un jour d’été », « Journal Instantané », et, pour finir, le titre que j'ai conservé jusqu'à aujourd'hui : « Clôture Electrique ». Inutile de préciser que les débuts sont assez difficiles, puisque le choix définitif d'un intitulé me pose encore des problèmes. Mais, je ne vais pas reculer devant de si petits ennuis. D'une façon ou d'une autre, je développerai ce blog, quitte à écrire sa genèse, comme je le fais à l'instant.

A ma décharge, je dois signaler que je ne me suis pas simplifié la tâche, puisqu'après avoir mis « Clôture Electrique » sur les rails, j'ai ouvert dans la foulée un nouveau blog : « Noyau Fondamental ». Ce dernier m'a posé moins de problèmes au démarrage, car j'ai tout de suite compris qu'il me servirait à supporter de la poésie exigeante, un genre de littérature que j'ai longtemps négligé, un art d'écrire très en vogue en ces temps troublés que je ne pensais pas aborder.

Pourtant, lundi dernier, j'ai cédé à une impulsion. Une voix intérieure m'a ordonné de sortir de mon silence, de faire entendre les impétueux torrents qui, sous mon crâne bien fait, charrient inlassablement mes nobles pensées. Ma modestie, mon humilité légendaire, n'ont pu y résister. Après avoir rapidement rédigé Pause, hier, j'ai ajouté un deuxième poème : Mélodie. Voilà aussi pourquoi C.E. n'avance pas vraiment.

En tout cas, j'ai décidé de me faire violence, de renoncer à flâner quotidiennement le long des avenues, le nez au vent, de noircir ainsi mes poumons aux gaz d'échappement, de ruiner mes tympans en les exposant trop souvent à l'assourdissant tintamarre des rues de la cité, de maltraiter mon estomac avec de mauvais breuvages consommés dans d'insalubres cafés bondés et malfamés, au décorum d'une esthétique douteuse.

J'ai donc décidé de rester à mon bureau, sagement assis dans mon confortable fauteuil, de faire face à l'écran du PC pour laisser mon esprit vagabonder sur des chemins lumineux où le pas de la marche légère soulève des nuées de papillons multicolores et joyeux. Je transcrirai patiemment mes états d'âme, pour le bonheur de mes lecteurs vénérés.

Tout un programme !

jeudi 11 avril 2013

Dans le silence de l'après-midi

J'ai effacé le contenu de ce blog le dimanche 31 mars 2013. J'ai changé son adresse URL http://onnonnonno.blogspot.fr/ pour http://lieu-monde.blogspot.fr/ Il était intitulé B&W&C. J'ai changé ce titre pour : Dans le silence de l'après-midi d'un jour d'été. Je trouvais ça marrant, mais, comme aujourd'hui ça ne me dit plus rien, je vais en chercher un autre. J'ai aussi modifié légèrement le design qui devrait rester en l'état dans les semaines à venir. Toutes ces opérations n'ont pas été très compliquées. Par contre, je rencontre maintenant la principale difficulté : que faire de ce blog, comment l'alimenter ? Je ne veux pas me relancer dans du copier/coller comme je peux le faire pour Soustractions. Je ne veux pas non plus en faire un photoblog, parce j'en ai ouvert beaucoup trop, déjà. Enfin, je ne veux pas que ce blog soit redondant avec Traverses. Mais, je veux le conserver.

Depuis hier, je triture ma cervelle pour trouver une solution. J'essaye d'envisager une ligne éditoriale. Mais, pour l'instant, je ne vois toujours pas dans quelle direction faire avancer la construction de ce lieu-monde. Bien sûr, j'ai la possibilité de faire de la littérature exigeante. C'est-à-dire que je pourrais écrire ce qui me passe par la tête sous la forme d'un galimatias que j'aurais, moi-même, du mal à comprendre. Une écriture qui pourrait donner l'impression aux lecteurs ignorants que ce galimatias cache en réalité une profonde et intensive recherche sur la syntaxe afin d'établir un sens qui collerait au plus près de la pensée. Le pire, c'est que la plupart des gens qui se livrent à ce genre de choses, ne le font même pas consciemment, avec la volonté de tromper les idiots qui prendront le temps de lire leurs textes. Ce sont eux les premiers ignorants, des gens badigeonnés à la va-vite d'une couche superficielle de vernis culturel déjà écaillé et qui sont persuadés que, plus un texte est incompréhensible, plus il recèle de trésors linguistiques cachés. C'est ce qu'ils désignent par le style. Ce style qui marquerait toute leur différence d'auteur — de blog — avec un petit écrivaillon qui se contenterait de produire des phrases comme celles reproduites dans les manuels scolaires, infâmes bouquins que des professeurs de français leur ont collé dans les mains au cours de l'année correspondante à la première partie du baccalauréat.

On a l'impression que ces fameux auteurs de littérature exigeante gardent de cette période un si mauvais souvenir, qu'ils en ont tellement bavé à décortiquer Stendhal, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé ou Valéry, qu'une seule phrase correctement écrite leur colle aujourd'hui la nausée, ravive les souffrances passées. De cette période scolaire, ils n'ont gardé en mémoire que le prestige dont sont auréolés les grands écrivains. Or, la société française dans son ensemble voue un culte à la culture savante, bien qu'elle refuse par tous les moyens d'y participer, en préférant les mangas et la bande dessinée ou les romans de troisième zone, à toute littérature digne de ce nom. Donc, les auteurs-blogueurs, pour la plupart en mal de reconnaissance, se disent que, puisqu'ils ont à portée de main un moyen technique leur permettant d'éditer facilement, ils doivent pouvoir s'offrir quelques minutes de gloire hebdomadaire, en publiant régulièrement des textes maquillés, peinturlurés en objets à caractère littéraire, poétique même. Évidemment, ils n'ont rien à dire, rien à écrire, n'ont pas la moindre imagination, alors ils le font de façon à masquer leurs déficiences et produisent ainsi des billets illisibles, tellement illisibles que rien ne peut être remis en cause partiellement, parce que rien ne tient debout, et qu'il est impossible d'attraper l'un de ces textes par un bout ou un autre dans le but de le démonter, d'en découvrir la mécanique. C'est le domaine de l'innommable indémontable.

Un lecteur, apparenté à un honnête homme, qui par hasard tomberait sur l'un de ces phébus, ne perdrait pas une minute à tenter de faire comprendre à ces auteurs de littérature exigeante à quel point ils se sont égarés, à quel point ils sont éloignés d'une littérature en droit de porter ce nom. Parce que ce n'est même pas de la littérature populaire, de la paralittérature, comme peuvent en faire Musso, Nothomb, Gavalda, Delaume, Michon et tous ces escrocs appuyés par des entreprises d'édition, que font ces auteurs-blogueurs, ce n'est que du n'importe quoi, une chose que j'ai bien du mal à qualifier. Il faut un niveau d'incompétence dans le domaine de la littérature, de l'emploi de la langue française, identique au niveau de ces blogueurs pour entrer en contact avec eux. Il faut leur parler en charabia, écrire du galimatias, pour qu'ils puissent avoir l'impression qu'on s'adresse réellement à eux et qu'on fait, tout comme eux, partie des élus, de cette communauté dont les membres se congratulent en ligne, sans jamais prendre sérieusement en compte les textes qu'ils produisent dans un grand élan de fraternité. Et pour cause ! On en arrive à penser qu'eux-mêmes se foutent de ce qu'ils écrivent, pourvu qu'ils occupent un peu de place sur la Toile. Aussi, ils passent le plus clair de leur temps à faire du buzz, c'est-à-dire à tisser des liens qui les rattachent de plus en plus solidement les uns aux autres, et cela grâce à Twitter, en particulier.

Bon, inutile d'insister, je ne me lancerai pas dans le n'importe quoi à l'instar des membres de ces communautés de charabieurs patentés. Il me faut encore me creuser la cervelle pour donner une ligne de conduite à ce blog. En commençant par lui donner un véritable nom.

Je vais me faire un café, j'ai tout le temps d'y penser.

dimanche 23 octobre 2011