jeudi 11 avril 2013

Dans le silence de l'après-midi

J'ai effacé le contenu de ce blog le dimanche 31 mars 2013. J'ai changé son adresse URL http://onnonnonno.blogspot.fr/ pour http://lieu-monde.blogspot.fr/ Il était intitulé B&W&C. J'ai changé ce titre pour : Dans le silence de l'après-midi d'un jour d'été. Je trouvais ça marrant, mais, comme aujourd'hui ça ne me dit plus rien, je vais en chercher un autre. J'ai aussi modifié légèrement le design qui devrait rester en l'état dans les semaines à venir. Toutes ces opérations n'ont pas été très compliquées. Par contre, je rencontre maintenant la principale difficulté : que faire de ce blog, comment l'alimenter ? Je ne veux pas me relancer dans du copier/coller comme je peux le faire pour Soustractions. Je ne veux pas non plus en faire un photoblog, parce j'en ai ouvert beaucoup trop, déjà. Enfin, je ne veux pas que ce blog soit redondant avec Traverses. Mais, je veux le conserver.

Depuis hier, je triture ma cervelle pour trouver une solution. J'essaye d'envisager une ligne éditoriale. Mais, pour l'instant, je ne vois toujours pas dans quelle direction faire avancer la construction de ce lieu-monde. Bien sûr, j'ai la possibilité de faire de la littérature exigeante. C'est-à-dire que je pourrais écrire ce qui me passe par la tête sous la forme d'un galimatias que j'aurais, moi-même, du mal à comprendre. Une écriture qui pourrait donner l'impression aux lecteurs ignorants que ce galimatias cache en réalité une profonde et intensive recherche sur la syntaxe afin d'établir un sens qui collerait au plus près de la pensée. Le pire, c'est que la plupart des gens qui se livrent à ce genre de choses, ne le font même pas consciemment, avec la volonté de tromper les idiots qui prendront le temps de lire leurs textes. Ce sont eux les premiers ignorants, des gens badigeonnés à la va-vite d'une couche superficielle de vernis culturel déjà écaillé et qui sont persuadés que, plus un texte est incompréhensible, plus il recèle de trésors linguistiques cachés. C'est ce qu'ils désignent par le style. Ce style qui marquerait toute leur différence d'auteur — de blog — avec un petit écrivaillon qui se contenterait de produire des phrases comme celles reproduites dans les manuels scolaires, infâmes bouquins que des professeurs de français leur ont collé dans les mains au cours de l'année correspondante à la première partie du baccalauréat.

On a l'impression que ces fameux auteurs de littérature exigeante gardent de cette période un si mauvais souvenir, qu'ils en ont tellement bavé à décortiquer Stendhal, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé ou Valéry, qu'une seule phrase correctement écrite leur colle aujourd'hui la nausée, ravive les souffrances passées. De cette période scolaire, ils n'ont gardé en mémoire que le prestige dont sont auréolés les grands écrivains. Or, la société française dans son ensemble voue un culte à la culture savante, bien qu'elle refuse par tous les moyens d'y participer, en préférant les mangas et la bande dessinée ou les romans de troisième zone, à toute littérature digne de ce nom. Donc, les auteurs-blogueurs, pour la plupart en mal de reconnaissance, se disent que, puisqu'ils ont à portée de main un moyen technique leur permettant d'éditer facilement, ils doivent pouvoir s'offrir quelques minutes de gloire hebdomadaire, en publiant régulièrement des textes maquillés, peinturlurés en objets à caractère littéraire, poétique même. Évidemment, ils n'ont rien à dire, rien à écrire, n'ont pas la moindre imagination, alors ils le font de façon à masquer leurs déficiences et produisent ainsi des billets illisibles, tellement illisibles que rien ne peut être remis en cause partiellement, parce que rien ne tient debout, et qu'il est impossible d'attraper l'un de ces textes par un bout ou un autre dans le but de le démonter, d'en découvrir la mécanique. C'est le domaine de l'innommable indémontable.

Un lecteur, apparenté à un honnête homme, qui par hasard tomberait sur l'un de ces phébus, ne perdrait pas une minute à tenter de faire comprendre à ces auteurs de littérature exigeante à quel point ils se sont égarés, à quel point ils sont éloignés d'une littérature en droit de porter ce nom. Parce que ce n'est même pas de la littérature populaire, de la paralittérature, comme peuvent en faire Musso, Nothomb, Gavalda, Delaume, Michon et tous ces escrocs appuyés par des entreprises d'édition, que font ces auteurs-blogueurs, ce n'est que du n'importe quoi, une chose que j'ai bien du mal à qualifier. Il faut un niveau d'incompétence dans le domaine de la littérature, de l'emploi de la langue française, identique au niveau de ces blogueurs pour entrer en contact avec eux. Il faut leur parler en charabia, écrire du galimatias, pour qu'ils puissent avoir l'impression qu'on s'adresse réellement à eux et qu'on fait, tout comme eux, partie des élus, de cette communauté dont les membres se congratulent en ligne, sans jamais prendre sérieusement en compte les textes qu'ils produisent dans un grand élan de fraternité. Et pour cause ! On en arrive à penser qu'eux-mêmes se foutent de ce qu'ils écrivent, pourvu qu'ils occupent un peu de place sur la Toile. Aussi, ils passent le plus clair de leur temps à faire du buzz, c'est-à-dire à tisser des liens qui les rattachent de plus en plus solidement les uns aux autres, et cela grâce à Twitter, en particulier.

Bon, inutile d'insister, je ne me lancerai pas dans le n'importe quoi à l'instar des membres de ces communautés de charabieurs patentés. Il me faut encore me creuser la cervelle pour donner une ligne de conduite à ce blog. En commençant par lui donner un véritable nom.

Je vais me faire un café, j'ai tout le temps d'y penser.

3 commentaires:

  1. Nesmonde — Le monde instantané (quoi d'autre?)

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  2. C'était une idée de nouveau titre (encore); plutôt que des lieux-monde, je verrais (ou lirais) bien des instants-monde.

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  3. En physique, espace et temps sont fortement liés, Lionel. Donc lieux et instants sont très proches dans l'imaginaire. Tu peux aussi avoir l'Insta-Monde comme Kodak avait l'Instamatic. Je te remercie pour cette contribution, ton instants-monde est à prendre en considération. Dis-moi, ce que tu penses, dans cette veine, de Mondamatic ;-)

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